Le projet d’aménagement de Clé-de-Rive est novateur à plus d’un titre. Conçu comme un mini-pôle multimodal, ce projet urbain est un partenariat public-privé qui permet de piétonniser en surface sans débourser un franc d’argent public pour l’ouvrage réalisé en sous-sol

25 février 2021

De la place pour tous

Rive, un matin de printemps 2030. Florence et Philippe sont attablés à la terrasse d’un restaurant sur la nouvelle place Pierre-Fatio. Le soleil joue à cache-cache entre les feuilles des arbres. Ses rayons accentuent les reflets dorés de ce Chardonnay genevois qu’ils
dégustent avant de sillonner les stands du nouveau marché de Rive. Florence a ensuite prévu de prendre la voiture réservée sur un site d’autopartage pour rejoindre des amies dans un restaurant de campagne, avant d’aller randonner. Philippe, quant à lui, retournera dans leur foyer à la Servette en tram pour retrouver leurs enfants adolescents qui ont préféré la grasse matinée à une balade en centre-ville.

Un projet convival
Ce bref portrait n’est pas aussi fictif qu’il n’y paraît. Il correspond à une vision concrète d’un quartier de Rive ragaillardi par un projet
d’aménagement qui aura permis de rendre 33 000m2 de surface aux Genevois en manque d'espaces de détente et de convivialité, en
alliant liberté des déplacements et coexistence de tous les modes de transport. Aujourd’hui abandonné à un trafic anarchique et inhospitalier, le quartier de Rive est en passe d’opérer sa mue et de se transformer en hub de mobilité, véritable compromis historique qui va dans le sens de la stratégie multimodale de la Ville et du Canton. Mais avant cela, une étape essentielle reste à franchir : voter en faveur de ce projet lors du prochain scrutin le 7 mars prochain.

Pas de piétonisation sans compensation
En cours depuis dix ans, le projet de piétonisation du centre-ville était pourtant sur le point d’aboutir. Une convention avait
même été signée en 2004 entre la Ville et les promoteurs pour aboutir à un partenariat public-privé qui débloque la piétonnisation,
sans débourser un franc d’argent public pour le parking, essentiel pour compenser la suppression de plus de 490 places de
stationnement en surface. Soutenu par les autorités de la Ville et du canton, ce projet est désormais soumis à un référendum. Les opposants sous-entendent que la piétonnisation du quartier est possible sans la construction des Clés de Rive. Or toutes les lois
en vigueur contredisent cette allégation: il ne peut y avoir de suppression aussi massive de places de stationnement sans compensation. Sa réalisation est une condition sine qua non pour relier la place du Molard à Rive en empruntant des itinéraires piétonnisés sûrs et sans voitures (voir illustration).

Un hub mobilité
Questionné sur sa pertinence à long terme, l’ouvrage a prévu dès le début d’inclure des places de stationnement pour les deux-roues,
motorisés ou non, la mobilité de partage et de répondre à une demande croissante de bornes de recharge électrique. Cent places sont
réservées aux habitants du quartier. Pour les visiteurs, les prix pratiqués seront comparables aux prix en surface. Cerise sur le gâteau, une
part importante du revenu tombera dans l’escarcelle de la Ville, soit 169 millions pour financer des projets éducatifs, écologiques et
culturels. Après 65 ans, le parking sera de plus donné à la Ville, sans contrepartie financière. Voilà qui pourrait définitivement encourager les plus sceptiques à soutenir ce projet novateur, tant dans sa conception, que dans son mode de financement.