Une solution de stockage permet de tirer un meilleur parti du courant produit par son installation photovoltaïque personnelle. La batterie présente dans la voiture électrique constitue une autre alternative également intéressante sur le plan économique.
La batterie d’une voiture électrique stocke en général plus de courant que nécessaire pour les besoins de mobilité du quotidien. La recharge bidirectionnelle permet d’utiliser la capacité de stockage disponible pour la consommation personnelle du ménage.
La batterie présente dans la voiture électrique sert alors à stocker de manière temporaire l’énergie solaire autoproduite. Contrairement à ce qui se passe dans le cas de la recharge monodirectionnelle qui est aujourd’hui la norme (le courant du bâtiment est injecté dans la voiture électrique), l’énergie électrique peut circuler dans les deux sens et donc aussi de la voiture électrique vers le bâtiment (Vehicle-to-home, V2H) ou vers le réseau électrique (Vehicle-to-grid, V2G).
Une gestion intelligente garantit que les processus de recharge et de décharge correspondent au calendrier personnel. Elle permet de s’assurer que dans l’idéal, le véhicule est exclusivement rechargé avec l’énergie solaire autoproduite mais dispose toujours d’une autonomie suffisante. Si le véhicule électrique est souvent utilisé pour se déplacer durant la journée, il est recommandé de disposer d’une batterie stationnaire supplémentaire chez soi afin de stocker l’énergie solaire produite.
Plus l’autoconsommation du courant produit par l’installation photovoltaïque est élevée, plus il est rentable d’investir dans le système global de l’installation solaire, dans des consommateurs tels que des pompes à chaleur, ainsi que dans la mobilité électrique. Cette solution permet – selon la taille du réservoir – de réduire considérablement le ravitaillement en électricité relativement onéreux auprès du fournisseur d’énergie local.
Cet ingénieur à la retraite, collectionneur d’horloges murales et apiculteur à ses heures, est parfaitement renseigné et sait de quoi il parle lorsqu’il évoque ce sujet. Avec son phrasé rapide et son accent du sud de l’Allemagne, il explique comment il en est arrivé à investir, à l’âge respectable de 79 ans, dans une technologie qui concernera davantage les générations futuresque sa propre personne. Il n’est pas tombé dessus par hasard, mais a trouvé la solution qui lui convenait après plusieurs années d’intenses réflexions. Comme Reinhard Ketterer a toujours eu un faible pour les énergies renouvelables, il opte en 2008 pour une pompe à chaleur à sonde géothermique. Il installe ensuite des panneaux solaires,afin de pouvoir alimenter sa maison en électricité propre. Au cours des années suivantes, il note méthodiquement à combien sa productionet sa consommation de courant s’élèvent etconstate qu’il produit trop d’électricité en été et trop peu en hiver pour ses propres besoins. En moyenne, il ne peut utiliser qu’un quart du courant produit chaque année, le reste étant injecté dans le réseau contre une faible rémunération. C’est clairement insuffisant pour lui et il se met à la recherche d’une meilleure solution.
Rapidement, Reinhard Ketterer songe à un système de stockage stationnaire, c’est-à-dire une batterie installée en général à demeure dans la cave ou le garage. Celle-ci ne devait toutefois pas être trop grande, car les panneaux photovoltaïques installés sur le toit ne produisent que 10 à 30 kWh par jour en hiver, mais pas trop petite non plus, afin de pouvoir tout de même absorber quelque peu les 80 à 150 kWh quotidiens en été. « J’avais envisagé un accumulateur d’une capacité de 42 kWh, mais son prix élevé, soit 48'000 francs, m’a refroidi. Une rentabilité raisonnable était loin d’être garantie», explique-t-il. Grâce à un article paru dans Touring, Reinhard Ketterer apprend fin 2019 que les voitures électriques peuvent restituer l’énergie de leur batterie. Une idée qui l’a séduit. «J’ai alors comprisqu’il s’agissait là de la solution à mon problème de stockage», affirme- t-il, convaincu, après avoir bénéficié de la part du TCS d’explications et de conseils détaillés sur la recharge bidirectionnelle.
Après une année d’étude de projets et d’offres, cenatif de la Forêt-Noire franchit finalement le pas.Il investit dans une Nissan Leaf et la borne de re-charge two-way-10 de la société EVTEC. Il utiliseégalement le logiciel de gestion intelligente del’énergie de Sun2wheel, ce qui lui permet de gé-rer la station de recharge et la batterie à sa guise,via une application. Son choix était mince car iln’existait alors qu’une poignée de véhicules dis-ponibles, ce qui n’a pas beaucoup changé depuis.Et parmi ceux-ci, une seule voiture, la NissanLeaf, remplissait toutes ses conditions. «Seule laLeaf, avec sa batterie de 62 kWh, disposait d’unecapacité suffisante», explique Ketterer pour justi-fier sa décision. Le choix de la borne de rechargea aussi été immédiat: «EVTEC et Sun2wheelétaient alors les seuls à proposer une borne adap-tée incluant une application intelligente». C’est en mars 2021 que sa petite centrale à accumulation privée, qui lui a coûté au total environ 77'000 fr., entre véritablement enfonction. De ce montant, 22'000 fr. ont été consa-crés à l’installation photovoltaïque, y comprisles subventions et les allègements fiscaux.Le coût de la station de recharge s’est élevé à 18'000 fr. et il a payé 39'000 fr. pour sa nouvelle voiture – moins les 2000 fr. de subvention qu’il a pu obtenir du responsable communalen énergie. Bien sûr, tout le monde ne peut passe permettre un tel investissement. Mais aumoins, Reinhard Ketterer utilise ses moyensfinanciers en véritable pionnier pour donner unechance à cette nouvelle technologie porteuse d’avenir.
Cela fait maintenant presque deux ans qu’il recharge de manière bidirectionnelle et il peut entirer un bilan réjouissant. Il fouille dans un dos-sier et nous présente, tout sourire, une petiteétude qu’il a réalisée lui-même. «Grâce au stockage mobile, je peux puiser deux fois plus qu’au-paravant dans ma propre électricité et augmenter ainsi mon degré d’autosuffisance de 25 à 54%».
L’installation solaire produit plus ou moins 22'000 kW par année, dont il utilise plus de la moitié pour ses propres besoins et n’en injecte désormais plus qu’une autre moitié dans le réseau. Il n’est pas possible de faire beaucoup plus, car la pompe à chaleur – de loin l’installation la plus gourmande en électricité de la maison – consomme plus d’énergie en hiver que l’installation photovoltaïque n’est capable d’en produire. «Une propriété équipée de panneaux photovoltaïques et d’un stockage mobile, mais sans pompe à chaleur, pourrait atteindre un degré d’autosuffisance de 90%, voire plus», estime-t-il.
Outre les avantages économiques non négligeables – Reinhard Ketterer estime qu’il lui faudra 6 à 7 ans pour amortir complètement son investissement –, sa conscience écologique a joué un rôle majeur dans ses choix. Et il n’est pas resté les bras croisés lorsque le peuple suisse a été appelé à économiser l’électricité l’année dernière. «J’ai certes pu aborder la menace d’une pénurie d’électricité avec un peu plus de calme que d’autres personnes. Mais cela m’a également incité à optimiser encore ma consommation, par exemple en utilisant des ampoules LED ou en réduisant la température des pièces d’un ou deux degrés».