Charmant village genevois, Dardagny attire les cyclistes en nombre. Malheureusement, pas toujours pour le meilleur. Certains d’entre eux se montrent particulièrement inconscients des dangers qui les guettent, s’exposant ainsi à de graves accidents. Anne Zoller, maire de la municipalité, rappelle quelques règles de bonne conduite.
En 2021, Dardagny a été la première municipalité du Mandement à entrer dans le réseau national des plus beaux villages de Suisse, en raison notamment de la richesse de son patrimoine architectural typiquement vigneron, ainsi que de son cadre rural soigneusement préservé. C’est dire si les raisons de se promener dans ce coin de campagne – que ce soit à pied ou à vélo – sont nombreuses. Ce qui n’est pas sans procurer quelques inquiétudes à Anne Zoller, maire de la commune. « Nous rencontrons surtout une problématique au niveau du chemin de la Donzelle, historiquement classé comme cyclable, détaille-t-elle. Il s’agit d’une voie agricole qui appartenait autrefois aux agriculteurs. Il y a un certain nombre d’années, il a été transmis à la commune, essentiellement pour des questions d’entretien. C’est ainsi que la municipalité l’a goudronné, mais il n’en reste pas moins très agricole. Et comme on se situe sur le coteau de la Donzelle, il est également très en pente. Certains cyclistes, les “terroristes de la pédale”, selon leur surnom consacré, descendent cette voie comme des fusées. Lorsque les agriculteurs manœuvrent leurs tracteurs et qu’ils sortent à reculons de la vigne pour aller se remettre sur le chemin, ils angoissent à l’idée d’entrer en collision avec l’un d’entre eux. »
La première étape visant à résoudre le problème a été de ne plus référencer ce chemin comme officiellement praticable pour les vélos. Mais les habitudes ont la vie dure. « Les cyclistes le connaissent, parce que c’est toujours plus sympa de redescendre par le coteau de la Donzelle que par la route où il y a du monde, reconnaît Anne Zoller. Voilà deux ans, nous avons décidé avec les viticulteurs d’imprimer des panneaux préventifs que nous avons placés aux extrémités du chemin, à la montée et à la descente, pour signaler la présence de tracteurs. L’idée était de sensibiliser les cyclistes, qu’ils soient locaux ou touristes. Ce n’est pas qu’on ne les veut pas, mais il faut impérativement qu’ils fassent attention en circulant. »
Outre le danger des tracteurs, il faut également compter avec un terrain instable qui ravine beaucoup, notamment en cas d’orage. « Certains endroits deviennent quasiment impraticables avec un vélo de course et de belles chutes peuvent survenir », prévient Anne Zoller. Se pose également le problème de la responsabilité en cas d’accident. Si demain, un cycliste qui descend à toute vitesse percute un tracteur, à qui en incombe la faute ? « Les agriculteurs me disent que normalement, c’est le cycliste qui est fautif, explique la maire. Mais ils ne sont pas convaincus de ne pas porter malgré tout une part de responsabilité. Certains d’entre eux ont d’ailleurs augmenté leur couverture d’assurance, par crainte d’un accident. Et puis, il y a la responsabilité légale, certes, mais si quelqu’un s’encastre dans un tracteur et meurt, c’est celui qui était au volant qui porte ce poids moral sur ses épaules toute sa vie, même s’il n’y est pour rien. »
Malgré l’inquiétude, seuls les vélos électriques rapides sont interdits de circulation sur le chemin de la Donzelle. « Ça ne changerait hélas rien, déplore Anne Zoller. Nous rencontrons une problématique similaire sur le chemin de Chalamont avec les voitures. Nous y avons instauré une interdiction de circuler. Un compteur pédagogique a été mis en place pour évaluer l’utilité de la mesure. Nous avons dénombré jusqu’à 180 véhicules par jour. Dans le lot, il y a sans doute eu quelques tracteurs qui ont fait des allers-retours, mais on voit bien que les automobilistes continuent de passer alors que la circulation est interdite. Imaginez avec des vélos. »
Un secteur également fréquenté par de nombreux cyclistes, qui a été le théâtre d’un accident marquant. « Il y a quelques années, l’un d’entre eux, qui arrivait comme une bombe, n’a pas réussi à négocier son virage correctement, se souvient la maire. Il s’est encastré dans une voiture et est reparti en hélicoptère. Quant au conducteur, heureusement qu’il ne sortait pas de l’apéro, parce qu’il est resté au poste de police de 13 heures à 22 heures. Cet accident est gravé dans les mémoires de tout le monde à Dardagny et l’idée que cela puisse se reproduire au chemin de la Donzelle angoisse beaucoup. »
Anne Zoller lance donc une invitation ferme à la prudence et au respect des autres usagers, qu’ils soient agriculteurs, riverains ou simples promeneurs. Mais elle tient également à rassurer : il n’est évidemment pas question de chasser les amoureux de la -Petite Reine de Dardagny. « Beaucoup d’entre eux viennent se balader paisiblement à la campagne et c’est un plaisir. Ce sont les “terroristes de la pédale” qui nous posent un problème, ceux qui sont d’une incivilité totale, n’en ont rien à faire d’autrui en se prenant pour les rois du monde. Tous les autres sont bienvenus, nous les aimons beaucoup. »
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