Pedro Escobar disparaît soudain de notre champ de vision. Notre guide de randonnée était pourtant encore bien à nos côtés il y a quelques instants. Rien d’étonnant à cela, car la forêt de lauriers est aussi dense qu’une jungle dans la partie occidentale de l’île de Faial, aux Açores, entre les volcans Caldeirão et Cabeço do Canto. On le retrouve un peu plus loin, dans un virage. Il a arraché une petite branche d’un arbre local, un myrica faya. «On n’en rencontre pas beaucoup car il a été supplanté notamment par les pittospores australiens ou les hortensias bleus», nous explique-t-il. Pedro connaît chaque plante et chaque coin de l’île, ce qui rend la promenade passionnante. Ce guide certifié des parcs naturels nous apprend que l’île compte quinze réserves naturelles et que la vie avec la nature est très importante pour les insulaires. Ce trentenaire vit dans un voilier à sec qu’il a transformé de ses propres mains. A côté de sa maison pousse un manguier dont il peut cueillir les fruits directement depuis le pont de son bateau.
Pedro est à la fois guide, menuisier, électricien, constructeur de bateaux, pêcheur et bien plus encore. Une polyvalence typique des habitants de cette petite île des Açores, qui sont toujours livrés à eux-mêmes en raison de leur isolement. Nous suivons les sentiers de randonnée GR 01 puis 06, bien aménagés et finissant par descendre vers la mer. Huit autres tracés officiels et bien balisés peuvent être parcourus sur l’île. Le plus beau, selon Pedro, est le sentier des dix volcans, le PR 06 FAI , long de dix-neuf kilomètres. Nous continuons à marcher le long de la chaîne de volcans et nous nous arrêtons à l’embouchure de la cheminée volcanique du Furna Ruim, profonde de 55 mètres. «Notre île a toujours été le théâtre de catastrophes naturelles», raconte Pedro. Comme en 1672, lorsque le Cabeço do Fogo est entré en éruption et que de nombreux habitants de l’île ont migré vers le Brésil. Et les dégâts du tremblement de terre de 1998 sont encore visibles aujourd’hui. On est conscient des dangers, mais vivre dans la peur permanente ne fait pas avancer les choses, estime Pedro, qui ajoute que 15 000 personnes vivent tout de même sur l’île aujourd’hui. Il reviendra plus tard sur ce qui s’est passé en 1957.
Le chemin ressemble à un grand tunnel végétal. Ce n’est qu’en grimpant le cratère du Cabeço do Canto que la vue se libère et le panorama sur l’île est à couper le souffle. Selon Pedro, l’île de 173 km² n’a été découverte qu’en 1427 par le Portugais Diogo de Silves. Un groupe de Portugais et de Flamands a alors commencé à coloniser Faial à partir de 1432. La pêche à la baleine a débuté au 19e siècle et l’île a gagné en importance en tant que nœud de communication pour les compagnies télégraphiques. Depuis Cabeço do Canto, la route descend abruptement vers un vallon, puis remonte vers la grotte volcanique Furna do Cabeço do Canto. Vous pouvez y descendre et admirer des formations de lave à l’intérieur, à condition d’avoir une lampe de poche. Nous arrivons ensuite à un poste d’observation des baleines, où la vue sur la mer et le volcan de Capelinhos se fait grandiose. On y aperçoit une partie des quatre-vingts kilomètres de côte de l’île. Elle peut être abrupte, mais aussi douce, avec de nombreuses criques et des plages de baignade. Jusqu’en 1974, les baleiniers y partaient en bateaux à rames, à la recherche des géants des mers, puis, revenus sur terre, les transformaient dans différentes usines. Aujourd’hui, seuls les touristes «chassent» encore les baleines, sur les bateaux d’observation.
Un peu plus tard, nous entrons dans la partie la plus récente de l’île. Pedro nous explique qu’entre 1957 et 1958, de nombreuses éruptions volcaniques se sont produites ici, agrandissant l’île de 2,4 km². Nous marchons soudain sur du sable volcanique et rencontrons régulièrement des morceaux de lave. A la Ponta dos Capelinhos, le vent souffle souvent et le sable s’infiltre partout. Sur les flancs abrupts du volcan, la végétation commence à se faire plus dense. En descendant vers la mer, nous apercevons un ancien phare, qui a été partiellement enseveli durant les éruptions. A la fin de cette belle randonnée, Pedro nous réserve une surprise: des piscines façonnées par la lave refroidie, dans lesquelles on peut se baigner, avec vue sur la mer et les nouvelles terres de l’île.
Pedro Escobar nous avait prévenus des caprices météorologiques de Faial. Et c’est précisément en remontant de Porta da Redonda vers Ribeirinha que nous sommes pris dans de violentes averses. En quelques secondes, tout le monde est complètement trempé. En descendant vers la mer, via le PRC 09, le soleil brillait encore et il faisait agréablement chaud. En bas, sur la plage, nous avons visité la maison du guide, son voilier transformé de manière originale avec tous ses arbres fruitiers. Quand on lui a demandé quel était son plat préféré, il a répondu: «Tous les plats locaux typiques, comme le polvo guisado com vinho (poulpe braisé au vin) ou la caldeirada (ragoût de poisson)». Et question douceurs, la pâtisserie Fofas do Faial doit absolument être goûtée. En arrivant à Redonda, nous comprenons aisément pourquoi notre guide l’a choisie comme lieu de domicile. La petite ville a beaucoup de charme, avec ses églises aux cadres de fenêtres blanchis à la chaux. Lorsque le temps s’y prête, n’oubliez pas d’emporter votre maillot de bain car la baie est parfaite pour faire trempette. Notre promenade, facile et pas fatigante, aura duré deux heures et demie sans compter la pause baignade.
Pedro préfère pratiquer la randonnée durant la saison hivernale. «Bien que nous n’ayons pas de tourisme de masse, même en été, l’hiver est encore plus calme, on sent alors particulièrement bien le pouls de l’île.» Une promenade dans la principale ville de l’île, Horta, confirme les propos de Pedro. Chargée d’histoire, on peut y flâner tranquillement le long des maisons joliment décorées, visiter sans faire la queue la maison coloniale allemande ou prendre un verre dans un bar du port. Le mur du port, où tous les navigateurs ont immortalisé leur passage dans l’Atlantique par un dessin, est un must. Il s’agirait de la plus longue fresque du monde.
Ce reportage a été réalisé à l’invitation de l’Association pour le tourisme durable sur l’île de Faial.
Texte et photos: Felix Maurhofer
S'y rendre
Voyage:
Vols Genève–Lisbonne, Lisbonne–Horta avec TAP Air Portugal.
S’y loger:
A Horta: maison de campagne Quinta da Meia Eira, meiaeira.com, ou le Pátio Ecolodge, patio.pt.
Boire et manger:
A Horta: Peter Café Sport, Cantina da Praça, Atlético.
Equipement de randonnée:
Chaussures de trekking, sac à dos (30 l), vêtements de marche, k-way.
Sentiers de randonnée:
trails.visitazores.com
Guide:
Our Island (Pedro Escobar),
ourisland-azores.com
discoverfaial.com
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