Texte: Dominic Graf
Photos: Valeriano di Domenico
Ernst Kohler, la Rega et le TCS sont tous deux des organisations d’urgence qui bénéficient d’un fort soutien de la population. Quels sont les points communs entre ces institutions de tradition et dans quelle mesure se complètent-elles?
Ernst Kohler: Sans les donateurs, la Rega n’existerait pas, et le TCS ne pourrait pas non plus survivre sans ses membres. En ce sens, les deux organisations dépendent de la bonne volonté, de la solidarité et du soutien de la population suisse. C’est ce qui nous lie – et probablement aussi le TCS – aux habitants de la Suisse et nous motive à donner chaque jour le meilleur de nous-mêmes. Tant la Rega que le TCS défendent des valeurs que l’on peut tout à fait qualifier de «valeurs suisses»: fiabilité, professionnalisme et innovation. Les moyens d’intervention sont différents, c’est pourquoi nous nous complétons bien: nous apportons l’aide par les airs, alors que le TCS est présent sur la route.
La Rega coopère-t-elle directement avec le TCS? Et si oui, comment se présente cette coopération?
Le TCS compte parmi les principaux mandants de la Rega dans le domaine du rapatriement: deux à trois fois par semaine, nous effectuons un rapatriement de patient par avion pour le compte du TCS. De plus, les médecins-conseils de la Rega apportent régulièrement leur soutien à l’équipe médicale du TCS en effectuant des examens médicaux ou en donnant un deuxième avis. Par ailleurs, nous mandatons régulièrement TCS Ambulance pour conduire les patients que nous avons transportés en Suisse par avion de l’aéroport à l’hôpital de leur région avec l’ambulance du TCS. La collaboration est donc multiple et fonctionne très bien. Chacun fait confiance aux compétences de l’autre pour aider les personnes dans le besoin.
Quelles sont les raisons les plus fréquentes d’une intervention de la Rega?
Pour beaucoup, la Rega est surtout associée aux accidents de sports d’hiver et de montagne. Pourtant, ce sont les attaques cérébrales ou les infarctus du myocarde qui constituent la cause d’alarme la plus fréquente pour une intervention. L’hélicoptère de sauvetage est toujours sollicité lorsqu’il faut parcourir de longues distances jusqu’à l’hôpital adéquat pour le traitement ou lorsqu’aucun autre moyen de sauvetage ne peut atteindre le patient dans un délai raisonnable.
TCS Ambulance est le plus grand acteur privé dans le domaine du secours d’urgence et du transport de patients en Suisse.
Combien coûte une intervention héliportée de la Rega?
Une intervention avec un hélicoptère de la Rega coûte en moyenne 4500 francs, sans compter l’aide de spécialistes supplémentaires, comme par exemple les sauveteurs de montagne du Club Alpin Suisse (CAS). En principe, plus une intervention est longue et complexe, plus les coûts sont élevés. Or, ceux-ci ne couvrent en aucun cas les coûts réels. Le sauvetage aérien est très déficitaire, raison pour laquelle la Rega est tributaire du soutien de ses 3,6 millions de donatrices et donateurs. Grâce à leur contribution de 40 francs par an, nous sommes en mesure d’assurer nos prestations de réserve, c’est-à-dire quasiment la disponibilité opérationnelle des 14 bases d’intervention, de la centrale et des trois avions-ambulance, 24h/24.
Et combien coûte un rapatriement depuis l’étranger en avion-ambulance de la Rega?
Cela dépend de la durée du vol. Un rapatriement depuis la Thaïlande, par exemple, coûte plus de 100 000 francs, un rapatriement depuis l’Espagne environ 30 000 francs.
La Rega est financée en premier lieu par des donateurs. Ce modèle d’affaires, unique au monde, est-il encore d’actualité?
C’est littéralement les donatrices et donateurs qui nous donnent des ailes et contribuent à plus de 60% de nos recettes. Si la Rega n’existait plus demain, les cantons devraient organiser et financer eux-mêmes les soins médicaux de base aériens. Je pense que la plupart des gens sont satisfaitsde la situation actuelle: en tant qu’organisation d’utilité publique, la Rega assure le sauvetage aérien et peut placer le bien-être des patients au centre de ses préoccupations, indépendamment des intérêts particuliers. Les éventuels excédents restent dans la fondation et sont investis pour améliorer le sauvetage aérien, conformément au but de la fondation. En fin de compte, tout le monde en profite: la population, l’Etat et surtout les personnes en détresse.
Si je suis donateur de la Rega, ai-je quand même besoin d’une assurance, par exemple pour les transports de sauvetage?
Une affiliation n’est pas une assurance, et inversement. L’affiliation permet de financer le sauvetage aérien en général. En tant que donateur, on en profite lorsqu’une assurance ne doit pas payer pour l’intervention de la Rega, conformément à ses conditions d’assurance, ce qui peut avoir différentes raisons. Il faut donc les deux: les donateurs et l’assurance sont complémentaires.
Quels sont les défis auxquels la Rega doit faire face aujourd’hui et à l’avenir?
Nous voulons nous concentrer sur notre tâche et l’accomplir chaque jour un peu mieux. Pour cela, nous ne devons pas nous disperser. Les réglementations croissantes dans le domaine de l’aviation et de la médecine sont à la fois une malédiction et une bénédiction. J’espère sincèrement qu’à l’avenir, la Rega se distinguera toujours par le fait qu’elle développe et utilise les technologies les plus modernes et qu’elle dispose de collaborateurs hautement qualifiés.
Quelle pourrait être la position de la Rega dans dix ou vingt ans?
Parce que la Rega planifie à long terme et avec circonspection, elle sera toujours en mesure d’assurer le sauvetage aérien en Suisse. Grâce à des investissements dans les nouvelles technologies, nous disposerons de nouvelles possibilités d’intervention et pourrons secourir encore plus de personnes qu’aujourd’hui. La Rega est également soutenue par ses donateurs, qui non seulement assurent son existence, mais donnent aussi un signe de solidarité par leur contribution. Et j’espère vivement que la solidarité continuera à occuper une place importante dans notre société.
Ernst Kohler
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