Monsieur Goetschi, l'extension prévue des six tronçons autoroutiers apportera-t-elle vraiment la fin des embouteillages ?
« Sur ces tronçons chroniquement surchargés, les embouteillages diminueront. Mais il faut se demander ce qui se passera sans les extensions ciblées? Les opposants ne se prononcent pas sur cette question, car la réponse est claire: le trafic se déplace vers les villages environnants lorsque l'autoroute est surchargée. Cela se fait au détriment de la sécurité routière et de la qualité de vie des riverains. C'est pourquoi les projets d'extension sont nécessaires et sont également soutenus par la population locale. »
Les opposants au projet affirment qu'une extension ne permettrait pas de désengorger nos autoroutes, mais au contraire d'augmenter encore le trafic.
« C'est faux. Aucune étude suisse ne prouve que les extensions ciblées de voies sur un total de 53 kilomètres feront augmenter le volume du trafic. En revanche, et c'est un point important, elles feront en sorte que les villages et les villes auront moins de trafic. Les routes sont des vases communicants: lorsqu'il y a des bouchons sur l'autoroute, le trafic se déplace vers les routes cantonales et communales. C'est ce que nous voulons et devons endiguer avec l'aménagement et canaliser autant que possible les voitures sur les autoroutes. Dans les villages, la sécurité routière et la qualité de vie s'en trouveront améliorées. Les transports publics, les cyclistes et les piétons en profiteront. »
Les opposants estiment que l'extension prévue, d'un montant d'environ cinq milliards, est trop chère. Que pensez-vous de la proposition d'investir cet argent dans une politique des transports tournée vers l'avenir, par exemple dans les transports publics ?
« En 2014 et 2017, le peuple suisse a approuvé la création d'un fonds ferroviaire et d'un fonds routier. L'objectif de ces fonds est de mettre à disposition de l'argent pour une infrastructure de transport – route et rail – fonctionnelle et fiable. Les capitaux pour l'étape d'aménagement actuelle proviennent du fonds pour les routes nationales, qui est financé par les impôts et les taxes des usagers de la route. Les extensions sont nécessaires si nous voulons rester mobiles à l'avenir. Et l'infrastructure ferroviaire est adaptée en permanence. Actuellement, 300 projets ferroviaires sont prévus pour un montant de 28 milliards de francs, soit nettement plus que pour l'étape d'aménagement des routes nationales. »
Depuis 2008, nos autoroutes n'ont été élargies que de 17 kilomètres. Depuis 2015, le nombre de kilomètres parcourus sur les routes nationales a moins augmenté que sur le reste du réseau routier. Les autoroutes ne peuvent-elles plus absorber la croissance disproportionnée du trafic ?
« Les kilomètres parcourus sur l'autoroute ont augmenté de 137% entre 1990 et 2019. Il en résulte un nombre record d'embouteillages et une congestion chronique aux points névralgiques. Si nous ne faisons rien, la situation s'aggravera et de plus en plus de régions seront touchées par les embouteillages. Pour ces régions, ce serait une charge importante et la sécurité routière s'en trouverait nettement dégradée. »
Parlons de la sécurité routière. Les routes seront-elles davantage plus sûres en cas d'élargissement des voies autoroutières, et ce, même s'il y a plus de voitures qui les empruntent ?
« Les autoroutes sont les routes les plus sûres de Suisse et le trafic d'évitement dans les villages constitue le plus grand risque pour la sécurité – en particulier pour les enfants, les piétons et les cyclistes, selon une étude récente du bureau CSD Ingenieure. En outre, les tunnels à sens unique sont nettement plus sûrs que les tunnels à circulation bidirectionnelle. Les élargissements ciblés permettent en outre de transférer le trafic d'évitement des routes cantonales et communales vers l'autoroute, où il a sa place. Tout cela renforce la sécurité dans les villages, notamment aux endroits névralgiques comme les écoles et les centres de village. »
Il est également possible de réaliser des voies supplémentaires sans construire à coups de milliards, en transformant par exemple les voies d'arrêt d'urgence en voies de circulation en cas de fort trafic. Pourquoi ne pas faire cela de manière plus généralisée? Ce serait moins cher et plus rapide à mettre en œuvre...
« Avant que la Confédération n'envisage des extensions, d'autres mesures sont déjà entrées en jeu. La réutilisation des bandes d'arrêt d'urgence et l'harmonisation de la vitesse sont des mesures importantes, mais pas toujours réalisables et, en particulier, pas suffisantes à elles seules. Sur l'A1, le long du lac Léman, la bande d'arrêt d'urgence ne peut pas être réutilisée, car elle date des années 1960 et ne résisterait pas à la charge du trafic. Il est donc judicieux d'y réaliser une troisième voie entre Genève et Nyon. Celle-ci permettrait également de réserver une voie au covoiturage, comme le demande le canton de Genève. »
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Rubrique politique publiée dans le magazine Touring